Il y a fort longtemps, vers le Xème siècle, dit-on, un village voyait le jour au nord-ouest des Angles, en Capcir. Dans un paysage montagneux et vallonné, au cœur des sapins, arrosé par de providentiels cours d'eau, Vallserra venait d'apparaître. Pendant longtemps ce fut un lieu béni des dieux : la vie était rude, comme dans tout village de montagne, mais le climat, bien que rigoureux, était sain et la solidarité jouait entre tous. A ces hauteurs, avec un sol difficilement cultivable, l'élevage du bétail ne tarda pas à prendre l'ascendant sur les autres activités et les bestiaux paissaient paisiblement cette bonne herbe grasse et tendre qui poussait à foison. Mais cette ère de bonheur et de prospérité ne dura pas: le XIVème siècle marqua si profondément la vie des villageois que Vallserra eut du mal à s'en remettre, sombrant lentement dans le déclin qui le verra disparaître...
En 1312, ce charmant village de montagne fut pillé et saccagé par les troupes du Comte d'Armagnac, qui le dépouillèrent de tout son cheptel... Quelques années plus tard, alors que tout revenait à la normale pour les villageois qui avaient eu le courage et l'obstination de rester à Vallserra et de tout recommencer à zéro, la peste fit son apparition... De 1347 à 1350, le Capcir fut dévasté par cette terrible maladie, et Balcère en souffrit particulièrement. Seules deux sœurs, Anita et Antonina en réchappèrent.
Pendant les journées, elles parcoururent chaque recoin de leur village, à la recherche d'âme qui vive. Mais personne d'autre ne donna signe de vie. Afin d'éviter que le fléau ne se répande, elles brûlèrent les corps. Bien que Catalanes obstinées et au caractère bien trempé, cette épreuve les malmena. Puis elles errèrent dans les montagnes, décidant de rester quelques temps sans chercher le contact avec autrui afin de voir si elles avaient été contaminées ou pas. Aucun trouble ne s'étant manifesté, ne souffrant que de la faim (les racines et l'angélique constituant une maigre pitance), elles décidèrent de partir chercher refuge dans les villages alentours. Nos deux sœurs étaient de braves femmes, et jamais, au grand jamais, elles n'auraient menti à qui que ce soit ! ainsi, lorsqu'elles arrivaient dans un village, en quête d'un refuge et de compagnie, et que le battle leur demandait d'où elles venaient, elles répondaient franchement... et toues les portes se fermaient aussitôt ! Elles errèrent ainsi, redoutant les injures et même les coups des villageois terrorisés, jusqu'au jour où, ayant effectué une grande boucle elles arrivèrent aux Angles : non loin de leur point de départ ! Éreintées, dégoûtées de la nature humaine, n'ayant plus le moindre espoir, elles parlèrent au maire qui, bien que sur la réserve, leur offrit généreusement une petite maison abandonnée où elles purent s'installer et démarrer une nouvelle vie.
Les villageois leur prêtèrent main forte et leur amenèrent même de la nourriture, et le terrible souvenir qui hantait nos deux sœurs finit par s'estomper, devenir moins insupportable... Par décision du bailli, tout le territoire de Vallserra leur fut légué... et par un juste retour des choses, alors qu'elles étaient au crépuscule de leur existence, elles en firent don à la communauté des Angles.
En 1312, ce charmant village de montagne fut pillé et saccagé par les troupes du Comte d'Armagnac, qui le dépouillèrent de tout son cheptel... Quelques années plus tard, alors que tout revenait à la normale pour les villageois qui avaient eu le courage et l'obstination de rester à Vallserra et de tout recommencer à zéro, la peste fit son apparition... De 1347 à 1350, le Capcir fut dévasté par cette terrible maladie, et Balcère en souffrit particulièrement. Seules deux sœurs, Anita et Antonina en réchappèrent.
Pendant les journées, elles parcoururent chaque recoin de leur village, à la recherche d'âme qui vive. Mais personne d'autre ne donna signe de vie. Afin d'éviter que le fléau ne se répande, elles brûlèrent les corps. Bien que Catalanes obstinées et au caractère bien trempé, cette épreuve les malmena. Puis elles errèrent dans les montagnes, décidant de rester quelques temps sans chercher le contact avec autrui afin de voir si elles avaient été contaminées ou pas. Aucun trouble ne s'étant manifesté, ne souffrant que de la faim (les racines et l'angélique constituant une maigre pitance), elles décidèrent de partir chercher refuge dans les villages alentours. Nos deux sœurs étaient de braves femmes, et jamais, au grand jamais, elles n'auraient menti à qui que ce soit ! ainsi, lorsqu'elles arrivaient dans un village, en quête d'un refuge et de compagnie, et que le battle leur demandait d'où elles venaient, elles répondaient franchement... et toues les portes se fermaient aussitôt ! Elles errèrent ainsi, redoutant les injures et même les coups des villageois terrorisés, jusqu'au jour où, ayant effectué une grande boucle elles arrivèrent aux Angles : non loin de leur point de départ ! Éreintées, dégoûtées de la nature humaine, n'ayant plus le moindre espoir, elles parlèrent au maire qui, bien que sur la réserve, leur offrit généreusement une petite maison abandonnée où elles purent s'installer et démarrer une nouvelle vie.
Les villageois leur prêtèrent main forte et leur amenèrent même de la nourriture, et le terrible souvenir qui hantait nos deux sœurs finit par s'estomper, devenir moins insupportable... Par décision du bailli, tout le territoire de Vallserra leur fut légué... et par un juste retour des choses, alors qu'elles étaient au crépuscule de leur existence, elles en firent don à la communauté des Angles.